Chapitre 25

 

Il ne pleuvait plus, mais le ciel restait couvert, comme depuis tant de jours. Assise seule sur un banc, adossée au mur d’un bâtiment, Kahlan souriait en regardant Richard assembler le nouveau toit de la maison des esprits. De la sueur ruisselait sur son dos nu aux muscles saillants où apparaissaient toujours les cicatrices laissées par les griffes du garn.

Richard travaillait avec Savidlin et quelques hommes, leur enseignant ses méthodes. Le travail manuel était selon lui universel. En conséquence, il jugeait ne pas avoir besoin d’une traductrice. De plus, si ses élèves découvraient certaines choses seuls, ils comprendraient l’opération et tireraient davantage de fierté de leur ouvrage.

Savidlin bombardait le pauvre Sourcier de questions qu’il ne saisissait pas. Souriant, il répondait avec des mots tout aussi mystérieux pour ses compagnons, puis recourait à un langage par gestes inventé pour l’occasion. Parfois, les Hommes d’Adobe trouvaient ses arabesques hilarantes et tout le monde éclatait de rire. Pour des gens que séparait la barrière des langues, ils avaient réussi beaucoup en peu de temps…

Au début, Richard avait joué les mystérieux avec son amie, lui disant d’attendre pour connaître l’idée qu’il avait derrière la tête. Il commença par former des blocs d’argile d’environ un pied sur deux et les modela pour qu’ils aient une partie bossue prolongée par une sorte de rigole. Après avoir complètement évidé les pièces, il les avait confiées aux femmes qui s’occupaient de la poterie pour qu’elles les passent au four.

Ensuite, il fixa deux bâtons bien droits aux deux extrémités d’une planche plate et plaça une grosse motte d’argile au centre. Avec un rouleau, il aplatit l’argile, les deux bâtons servant de niveaux pour déterminer l’épaisseur. Éliminant la matière excédentaire qui dépassait de la planche, il obtint des plaques d’argile de taille et d’épaisseur identiques, les posa sur les moules que les femmes avaient fait cuire et lissa soigneusement le tout. Enfin, il se servit d’un bâton pointu pour percer un trou dans les deux angles supérieurs.

Quand il s’avisa que les villageoises le suivaient partout et inspectaient d’un œil critique son travail, il les enrôla dans son équipe. Bientôt, une petite ruche d’ouvrières souriantes et volubiles entreprit de fabriquer les plaques et lui montra comment améliorer sa technique. Une fois sèches et retirées des moules, les premières plaques pouvaient passer au four. Pleines d’énergie, les femmes entreprirent d’en préparer d’autres. Richard les encouragea à continuer inlassablement, puis il les abandonna et alla dans la salle des esprits où il construisit une cheminée avec les briques que le Peuple d’Adobe utilisait pour monter ses murs. Savidlin le suivit, essayant de comprendre ce qu’il faisait.

Un peu plus tôt, Kahlan était allé voir son ami.

— Tu fabriques des tuiles en argile, si j’ai bien compris…

— Exactement !

— Richard, j’ai vu des toits de chaume qui ne fuyaient pas !

— Moi aussi.

— Alors, pourquoi ne pas simplement améliorer les leurs pour que la pluie ne les traverse plus ?

— Tu sais comment faire ?

— Non.

— Moi non plus. En revanche, je suis un expert en toits de tuiles. Donc, c’est la solution que j’ai choisie.

Pendant qu’il montait la cheminée sous le regard avide d’apprendre de Savidlin, d’autres hommes dépouillèrent le toit de son chaume, laissant à nu une charpente de solives qui servirait de support aux futures tuiles.

Richard disposa chaque tuile en équilibre sur deux solives, la partie inférieure reposant sur la première, et la supérieure sur la deuxième. Les trous lui servirent à les attacher solidement à leur support. Puis il plaça la deuxième rangée de tuiles de manière à ce que leur base chevauche la partie supérieure des précédentes et obstrue les orifices de fixation. Grâce à leur forme ondulée, les pièces s’emboîtèrent parfaitement. Conscient que les tuiles étaient plus lourdes que le chaume, Richard avait étayé la structure par en dessous avec des poutres renforcées d’entretoises.

Une bonne moitié du village participait au chantier. De temps en temps, l’Homme Oiseau venait y jeter un coup d’œil, et ce qu’il voyait semblait le satisfaire. Deux ou trois fois, il s’assit près de Kahlan sans engager la conversation, mais en lui posant à intervalles irréguliers une ou deux questions sur le caractère du Sourcier.

La plupart du temps, la jeune femme restait seule. Les villageoises avaient décliné ses propositions d’assistance, les hommes gardaient leurs distances – non sans la surveiller du coin de l’œil – et les adolescentes étaient trop timides pour oser s’approcher d’elle. Mais elles la regardaient souvent de loin en murmurant. Quand Kahlan leur demandait leurs noms, elles s’éparpillaient comme une volée de moineaux après l’avoir gratifiée de quelques demi-sourires. Les enfants, eux, auraient bien fraternisé avec l’étrangère. Mais leurs mères les en empêchaient. Et chaque fois que Kahlan proposait de les aider – même à cuisiner – elles lui opposaient un refus poli, arguant qu’elle était une « honorable invitée ».

Kahlan n’en crut pas un mot. Ces femmes avaient peur de l’Inquisitrice !

Ce n’était pas nouveau pour elle, pas plus que les regards à la dérobée et les murmures. Plus jeune, elle s’en était désolée. Aujourd’hui, elle ne s’en souciait plus. Mélancolique, elle se souvint de ce que sa mère lui disait avec un gentil sourire : les gens étaient comme ça, on n’y pouvait rien, et il ne fallait pas en concevoir d’amertume. Un jour, tout ça lui passerait bien au-dessus de la tête…

De fait, Kahlan avait fini par se résigner. Persuadée de n’avoir pas besoin de l’affection des autres, elle s’était résignée à sa condition – et à sa vie telle qu’elle était –, certaine qu’elle n’aurait jamais droit à une existence normale et que c’était très bien comme ça.

C’était avant de rencontrer Richard. Lui, il l’avait acceptée. Devenu son ami, il s’adressait à elle sans crainte et la traitait comme une personne normale. Et il se souciait de son bien-être !

Mais bien entendu, il ignorait qui elle était…

Savidlin aussi avait été gentil avec elle. En compagnie de Richard, il l’avait invitée dans sa modeste maison, où il vivait avec sa femme Weselan et leur jeune fils Siddin, leur offrant un endroit où dormir à même le sol. Même si c’était sur l’insistance de son mari, Weselan avait su se montrer hospitalière et elle ne devenait pas hostile dès que Savidlin avait le dos tourné. Le soir, après le travail, Siddin s’asseyait avec Kahlan et écoutait, les yeux ronds, ses fabuleuses histoires de rois, de châteaux forts, de terres lointaines et de monstres féroces. Souvent, il venait se blottir sur ses genoux et la cajolait pour qu’elle continue. Sa mère le laissait faire, assez délicate pour ne pas montrer sa peur. En y repensant, Kahlan en eut les larmes aux yeux. Et il y avait mieux encore ! L’enfant couché, Savidlin et son épouse restaient avec les deux jeunes gens pour qu’ils leur parlent du long voyage depuis Terre d’Ouest. Pétri de respect pour les êtres courageux qui ne renonçaient jamais, le père de famille écoutait avec des yeux presque aussi ronds que ceux de son fils.

L’Homme Oiseau semblait content du nouveau toit. Dès qu’il avait commencé à comprendre où Richard voulait en venir, il avait souri en hochant la tête. Les six Anciens étaient plus difficiles à impressionner. À leurs yeux, recevoir quelques gouttes de pluie sur le crâne de temps en temps n’était pas un souci majeur. D’ailleurs, ils se faisaient arroser ainsi depuis leur plus tendre enfance, et ils n’aimaient pas qu’un étranger vienne pointer du doigt leur atavique stupidité. Dès qu’un des six décéderait, Savidlin prendrait sa place. Kahlan regrettait qu’il ne fasse pas déjà partie du cercle, car un allié tel que lui leur aurait été des plus utiles.

Qu’arriverait-il, le toit terminé, si les Anciens refusaient d’accepter Richard au sein du Peuple d’Adobe ? Le Sourcier n’avait pas vraiment promis de ne pas attaquer ces gens. Même s’il n’était pas le type d’homme à torturer des innocents, sa fonction pouvait le pousser à des extrémités regrettables. Il y avait beaucoup plus enjeu que la vie d’une poignée de villageois. Le Sourcier ne devait jamais perdre cette réalité de vue. Et Kahlan non plus…

Elle ignorait si avoir tué le dernier membre du quatuor l’avait rendu plus dur. Prendre une vie modifiait le jugement d’une personne, et récidiver devenait plus facile. Un processus qu’elle connaissait hélas bien…

Kahlan aurait donné cher pour qu’il n’ait pas couru à son secours, près du Chas de l’Aiguille, évitant ainsi d’avoir une mort sur la conscience. Jusque-là, elle n’avait pas eu le cœur de lui dire qu’elle aurait pu s’en sortir sans son aide. Face à elle, un homme seul ne pouvait pas grand-chose. Parce qu’il le savait, Rahl envoyait toujours quatre tueurs à une Inquisitrice. Le premier servait de cible à son pouvoir et les trois autres se chargeaient d’éliminer le « traître » en même temps que leur victime désignée. Parfois, il n’en restait qu’un, mais c’était suffisant si l’Inquisitrice avait épuisé son pouvoir. Dans le cas contraire, un assassin seul n’avait pas une chance. Le tueur aurait abattu son épée, mais elle aurait esquivé sans peine. Ensuite, avant qu’il n’attaque de nouveau, elle l’aurait touché avec son pouvoir et il serait devenu sa marionnette.

Mais comment avouer à Richard qu’il n’aurait pas eu besoin de tuer cet homme avec L’Épée de Vérité ? Il pensait l’avoir sauvée, et cela soulageait sa conscience. Si elle lui révélait tout, son univers volerait en éclats.

Un autre quatuor était sans nul doute à ses trousses. Ces hommes ne renonçaient jamais. Celui qui l’avait attaquée seul, près de la frontière, savait qu’il allait mourir et il n’avait pas reculé pour autant. Ces tueurs ne pensaient à rien d’autre que leur mission. L’idée de battre en retraite ne leur traversait même pas l’esprit.

Et ils adoraient s’en prendre aux Inquisitrices.

La jeune femme ne put s’empêcher de repenser à Dennee. Dès qu’elle évoquait les quatuors, ce qu’ils avaient fait à sa sœur adoptive lui revenait à l’esprit…

Avant que Kahlan eût atteint l’âge adulte, sa mère avait été frappée par une maladie qu’aucun guérisseur ne savait combattre. Elle avait succombé très vite, rongée de l’intérieur par cet atroce fléau. Les Inquisitrices étant très proches les unes des autres, le mal qui frappait l’une d’elles les concernait toutes. La mère de Dennee avait recueilli Kahlan et pris soin d’elle. Les deux jeunes filles, déjà de très proches amies, avaient été ravies de devenir des sœurs. Elles se présentèrent désormais ainsi, et cela adoucit beaucoup le chagrin de Kahlan.

Comme sa mère, Dennee était d’une nature fragile. Dotée d’un pouvoir bien moins puissant que celui de sa sœur, elle avait souvent eu besoin de sa protection dans les situations qui exigeaient plus de force qu’elle ne pouvait en puiser dans les tréfonds de son être. Après y avoir recouru, Kahlan régénérait son pouvoir en une heure ou deux. À Dennee, il fallait plusieurs jours…

Ce matin maudit, Kahlan s’était absentée pour recueillir la confession d’un meurtrier sur le point d’être pendu. Normalement, Dennee aurait dû s’en charger, mais elle avait voulu lui éviter une mission pénible.

Dennee détestait les confessions et le regard des malheureux qui s’y soumettaient. Souvent, elle pleurait des jours entiers après en avoir recueilli une. Si elle n’avait pas demandé à sa sœur de la remplacer, le soulagement affiché sur son visage parlait de lui-même. Kahlan aussi détestait les confessions. Mais elle était plus forte, plus sage et plus mûre que sa sœur. Depuis longtemps, elle avait accepté d’être une Inquisitrice. C’était son destin – et son pouvoir – et elle en souffrait beaucoup moins que Dennee. Capable de faire passer sa tête avant son cœur, elle déchargeait volontiers sa sœur du sale travail.

Sur le chemin du retour, ce jour-là, elle entendit des gémissements monter des buissons, sur le côté de la route.

Dennee gisait dans les broussailles comme un os jeté à un chien.

— Kahlan… je venais à ta rencontre… pour faire un bout de chemin avec toi… Un quatuor m’a attaquée… Mais j’en ai eu un, Kahlan ! Je l’ai touché avec mon pouvoir… Tu aurais été fière de moi…

Bouleversée, la tête de sa sœur sur les genoux, Kahlan lui avait assuré que tout s’arrangerait.

— S’il te plaît, Kahlan, tu veux bien tirer ma robe sur mes jambes ? Mes bras ne peuvent plus bouger…

Après un moment de panique aggravé par la voix lointaine et faible de sa sœur, Kahlan comprit ce qui s’était passé. Les tueurs avaient brisé les bras de Dennee et ils reposaient, inertes, le long de ses flancs, pliés à des endroits où il n’y avait pas d’articulation.

Plus grave encore, du sang coulait d’une oreille de la pauvre enfant.

Kahlan tira ce qui restait de la belle robe brodée sur le corps supplicié de sa sœur. Le tissu était poisseux de sang…

Horrifiée par la brutalité et la perversité de ces hommes, elle en perdit un moment la parole et dut lutter pour ne pas hurler. Dennee en aurait été encore plus effrayée, et elle devait être forte pour elle… une dernière fois…

— Kahlan… souffla la moribonde… c’est Darken Rahl qui m’a fait ça. Il n’était pas présent, mais c’est lui le vrai coupable…

— Je sais, ma toute petite chérie… Ne t’agite pas, tout s’arrangera. Je vais te ramener à la maison, et tu iras très bien… Tu verras…

Des mensonges. Pour Dennee, rien ne s’arrangerait plus.

— S’il te plaît, Kahlan, tue-le ! Il faut arrêter cette folie ! J’aimerais être assez forte… Mais tu devras agir à ma place…

Submergée par la colère, pour la première fois de sa vie, Kahlan eut envie d’utiliser son pouvoir afin de faire du mal à quelqu’un. Pour le tuer ! À cet instant, elle éprouva un sentiment nouveau : une rage venue du plus profond d’elle-même, comme si la vengeance était un droit de naissance !

D’une main tremblante, elle caressa les cheveux poisseux de sang de Dennee.

— Je le tuerai, c’est promis !

Dennee se détendit un peu dans ses bras. Kahlan enleva son pendentif et le lui passa au cou.

— Je te l’offre… Il te protégera, mon petit cœur…

— Merci, Kahlan… (Dennee sourit tandis que des larmes coulaient sur ses joues déjà couleur de cire.) Mais plus rien ne me protégera, désormais… Pense à toi ! Ne les laisse pas te torturer. Ils aiment ça, Kahlan ! J’ai tant souffert, et ça les amusait tellement qu’ils en riaient aux éclats…

Kahlan ferma les yeux pour ne plus voir le visage ravagé de sa sœur. La berçant comme un nouveau-né, elle lui embrassa doucement le front…

— Des mauvais souvenirs ? lança soudain une voix.

Kahlan sursauta, arrachée à ses pensées. L’Homme Oiseau était debout près d’elle et elle ne l’avait pas entendu arriver.

Elle hocha la tête, évitant de croiser le regard de l’Homme d’Adobe.

— Veuillez me pardonner d’avoir fait montre de faiblesse… dit-elle d’une voix rauque en essuyant d’un revers de la main les larmes qui coulaient sur ses joues.

L’Homme Oiseau s’assit doucement près d’elle.

— Mon enfant, être une victime n’est pas une faiblesse.

Kahlan ravala les sanglots qui menaçaient de lui nouer la gorge. Dennee lui manquait tellement et elle se sentait si seule !

L’Homme Oiseau lui passa un bras autour des épaules et la serra contre lui. Une brève étreinte paternelle…

— Je pensais à ma sœur Dennee, assassinée sur ordre de Darken Rahl. C’est moi qui l’ai trouvée et elle est morte dans mes bras… Ils l’ont tellement fait souffrir ! Rahl ne se satisfait pas de tuer ses ennemis. Il veut que leur agonie soit atroce.

— Nous sommes différents, dit l’Homme Oiseau, mais nous souffrons de la même manière… (Il écrasa du bout du pouce une larme qui coulait sur la joue de Kahlan, puis chercha quelque chose dans sa poche.) Donnez-moi votre main…

Kahlan obéit. L’Homme d’Adobe laissa tomber quelques graines dans sa paume. Les yeux levés vers le ciel, il souffla dans son étrange sifflet qui ne produisait aucun son. Un petit oiseau jaune vif vint presque aussitôt se poser sur sa main. Lentement, il la plaça près de celle de la jeune femme. L’oiseau sauta d’une paume à l’autre et entreprit de picorer les graines. Kahlan sentit ses minuscules pattes agripper ses doigts pendant qu’il se régalait. Le volatile était si petit et si mignon qu’elle ne put s’empêcher de sourire. L’Homme Oiseau sourit aussi. Quand il eut fini son festin, l’oiseau s’ébroua, ravi et confiant.

— J’ai pensé que vous aimeriez voir un peu de beauté au milieu de toutes ces horreurs.

— Merci…

Kahlan admira encore un peu l’oiseau, avec ses plumes jaunes et son adorable façon de secouer la tête de droite à gauche, puis elle le poussa à reprendre son envol.

— Je n’ai aucun droit sur lui, dit-elle en le regardant filer à tire-d’aile. Il doit être libre.

L’Homme Oiseau sourit en approuvant du chef. Il se pencha en avant, les mains sur ses genoux, et étudia la maison des esprits. Le travail était presque terminé. Encore un jour, et tout serait prêt. Les longs cheveux gris qui tombaient sur ses épaules et le long de son visage empêchèrent Kahlan de voir l’expression de son compagnon. Elle se radossa au mur et regarda Richard travailler sur le toit. S’il avait pu en descendre et venir la serrer dans ses bras ! Hélas, même s’il l’avait fait, elle aurait dû le repousser…

— Vous voulez tuer Darken Rahl, n’est-ce pas ? demanda l’Homme Oiseau sans se tourner vers elle.

— C’est mon plus cher désir…

— Votre pouvoir suffirait ?

— Non, admit Kahlan.

— Et l’épée du Sourcier, est-elle assez puissante ?

— Non plus. Pourquoi cette question ?

Avec l’approche du crépuscule, le ciel se chargeait de plus en plus. Dans la pénombre naissante, il recommença à pleuvoir.

— Comme vous l’avez dit, il est dangereux pour un homme d’être face à une Inquisitrice qui désire ardemment quelque chose. Je crois que c’est vrai aussi pour le Sourcier. Peut-être encore davantage…

— Je ne vous raconterai pas ce que Darken Rahl a fait au père de Richard, car vous auriez encore plus peur du Sourcier. Mais sachez que lui aussi aurait laissé repartir l’oiseau.

— Mon enfant, nous sommes tous les deux trop intelligents pour jouer avec les mots. Oublions ça et parlons franchement. J’ai essayé de convaincre les Anciens que le Sourcier apportait beaucoup à notre peuple. Mais ces vieillards sont confits dans leurs certitudes, et ils peuvent se montrer si têtus que j’en perds parfois mon calme. J’ai peur de ce que Richard et vous ferez s’ils vous opposent un refus.

— Richard a promis qu’il ne maltraiterait pas votre peuple.

— Encore des mots ! Ils ne sont rien à côté du sang d’un père… ou d’une sœur.

Transie par la bise, Kahlan resserra autour d’elle les pans de son manteau.

— Je suis née Inquisitrice, dit-elle, et je n’ai jamais cherché le pouvoir. Si on m’avait donné le choix, j’aurais préféré être comme tout le monde. Mais je dois faire avec ce que j’ai, et en tirer le meilleur parti. Malgré ce que les gens pensent des Inquisitrices, nous sommes au service des autres. Et de la vérité ! J’aime tous les peuples des Contrées du Milieu, et je donnerais volontiers ma vie pour leur liberté. Voilà ce que je veux faire. Et pourtant, je suis seule…

— Richard veille sur vous !

— Il vient de Terre d’Ouest et ignore qui je suis. S’il le savait…

À ces mots, l’Homme Oiseau fronça les sourcils.

— Pour quelqu’un qui sert la vérité… commença-t-il.

— S’il vous plaît, ne m’y faites pas penser. C’est un problème que je me suis créé et dont je redoute les conséquences. Mais ça ne change rien à mon raisonnement. Le Peuple d’Adobe vit loin de tout. Par le passé, cela lui a permis de rester à l’écart des tempêtes. Mais celle-là soufflera aussi sur lui. Les Anciens peuvent pérorer tant qu’ils veulent sur les avantages de la neutralité, ils seront impuissants quand la réalité les prendra entre ses griffes. S’ils font passer la fierté avant la sagesse, les vôtres en payeront le prix.

L’Homme Oiseau ne fit aucun commentaire, mais son silence était attentif et respectueux.

— À cet instant, continua Kahlan, je ne peux pas dire ce que je ferai si les Anciens nous refusent leur soutien. Mon désir n’est pas de nuire à votre peuple, mais de lui éviter des souffrances. J’ai vu ce que Darken Rahl fait à ses victimes. Et j’imagine sans peine ce qu’il vous infligera. Pour l’arrêter, s’il fallait tuer l’adorable fils de Savidlin, j’accepterais de m’en charger, quitte à en avoir le cœur brisé. Mais pour sauver des milliers d’enfants adorables, je n’hésiterais pas une seconde. C’est cela, mon fardeau : la malédiction du guerrier. Vous avez sûrement dû tuer des gens pour en sauver d’autres, et je sais que vous n’y avez pris aucun plaisir. Darken Rahl n’est pas comme nous, croyez-moi ! S’il vous plaît, aidez-moi à protéger votre peuple sans qu’aucun de ses membres ne souffre. (Des larmes perlèrent aux cils de Kahlan.) Je voudrais tant ne faire de mal à personne !

L’Homme Oiseau la tira vers lui et la laissa sangloter sur son épaule.

— Les peuples des Contrées du Milieu ont de la chance d’avoir une guerrière comme vous…

— Si nous trouvons ce que nous cherchons, Darken Rahl ne pourra pas s’en emparer et il mourra le premier jour de l’hiver. Personne d’autre ne perdra la vie. Mais nous avons besoin de votre aide.

— Le premier jour de l’hiver ? Mon enfant, cela nous laisse peu de temps. L’automne touche à sa fin…

— Ce n’est pas moi qui ai écrit les règles du jeu… Si vous connaissez un moyen d’arrêter le temps, n’hésitez pas à me le communiquer.

— Mon enfant, vous êtes déjà venue ici, et je vous ai vue vivre parmi les miens. Vous avez toujours respecté leur volonté sans chercher à leur nuire. Il en va de même avec le Sourcier. Je suis de votre côté et je ferai de mon mieux pour convaincre les Anciens. Mais ça ne suffira peut-être pas. Et je veux que mon peuple ne souffre pas.

— Si la réponse est négative, la menace ne viendra ni du Sourcier ni de moi. La tempête soufflera de D’Hara et elle vous détruira. Contre Rahl, vous n’aurez aucune chance. Il vous massacrera !

 

Ce soir-là, dans la quiétude du foyer de Savidlin, Kahlan raconta à Siddin l’histoire d’un pêcheur transformé en poisson qui vivait dans un lac et se servait de son intelligence pour délester les hameçons de leurs appâts sans se faire attraper. Une fable dont sa mère la régalait quand elle avait à peu près l’âge de cet enfant. L’émerveillement du petit bonhomme lui rappela le sien, quand elle avait entendu le conte pour la première fois.

Plus tard, pendant que Weselan préparait un repas à base de succulentes racines, Savidlin montra à Richard comment préparer des pointes de flèches différentes selon la proie qu’on visait. Ensuite, il les durcit dans le feu et les enduisit de poison.

Kahlan resta assise sur le sol, l’enfant endormi blotti entre ses bras. Alors qu’elle lui caressait la tête, elle dut ravaler la boule qui se formait dans sa gorge. N’avait-elle pas dit l’après-midi même qu’elle tuerait sans hésiter ce mignon petit garçon ?

Elle aurait donné cher pour n’avoir jamais prononcé ces mots. C’était la vérité, mais pour une fois, il aurait mieux valu la cacher…

Richard ne l’avait pas vue parler à l’Homme Oiseau et elle ne lui avait rien dit de cette conversation. Pourquoi l’inquiéter ? Ce qui devait arriver arriverait. Mais elle espérait tant que les Anciens entendraient la voix de la raison…

 

Le lendemain, le vent soufflait, charriant parfois de la pluie, et il faisait exceptionnellement chaud pour la saison. Au début de l’après-midi, une foule se massa devant la maison des esprits pour voir poser les dernières tuiles et, surtout, assister au premier feu de cheminée. Des cris émerveillés retentirent quand la fumée sortit docilement du conduit. Les villageois jetèrent un coup d’œil dans la salle et virent qu’elle n’était pas enfumée. L’idée de ne plus vivre en permanence avec les yeux qui piquent sembla les enthousiasmer autant que la perspective de ne plus se faire tremper la tête. Pour les toits de chaume défectueux, l’association du vent et de la pluie était une catastrophe…

Tous regardèrent, stupéfaits, l’eau glisser sur les tuiles sans s’infiltrer dans le bâtiment.

Richard sauta du toit, de très bonne humeur. La cheminée tirait bien, les tuiles ne fuyaient pas et les villageois semblaient aux anges. Ses assistants, fiers d’avoir réalisé et appris tant de choses, désignaient du doigt, avec force commentaires, les points clés du chantier.

Ignorant les curieux, Richard reprit son épée et gagna le centre du village, où les Anciens attendaient sous une des structures ouvertes. Kahlan et Savidlin l’escortaient, décidés à plaider sa cause s’il le fallait. La foule les regarda s’éloigner puis s’éparpilla dans le village en bavardant gaiement

Richard marchait les mâchoires serrées.

— Tu crois que l’épée est indispensable ? lui demanda Kahlan.

Les cheveux humides de pluie, il se tourna vers son amie sans ralentir le pas.

— Je suis le Sourcier ! fit-il avec un sourire matois.

— Richard, ne joue pas à ça avec moi ! Tu sais très bien ce que je veux dire.

— D’après moi, voir cette arme les incitera à prendre la bonne décision.

Kahlan eut la détestable sensation que les choses échappaient à son contrôle. Si les Anciens se montraient rétifs, Richard allait commettre des actes terribles ! Du matin au soir, il avait travaillé comme une brute, persuadé qu’il remporterait la partie. C’était fait, en un sens, puisque la majorité des villageois le soutenait. Mais il restait à convaincre les gens qui comptaient vraiment. Et elle redoutait qu’il n’ait pas vraiment réfléchi à la position qu’il prendrait au cas où on lui opposerait un refus.

Toffalar attendait, droit comme un « i » sous le toit de chaume de la structure. Des gouttes d’eau s’écrasaient à ses pieds pour y former de petites flaques. Surin, Caldus, Arbrin, Bringinderin et Hajanlet se tenaient à ses côtés. Tous portaient leurs peaux de coyote, une tenue qu’ils adoptaient, avait appris Kahlan, uniquement pour les événements officiels. Presque tout le village s’était réuni sur la place, sous la pluie ou à l’abri relatif des structures ouvertes. D’autres Hommes d’Adobe, à leurs fenêtres, attendaient comme leurs concitoyens que les Anciens décident de leur avenir.

Kahlan repéra l’Homme Oiseau près d’un des poteaux qui soutenait le toit sous lequel paradaient les Anciens. Des guerriers armés l’entouraient Quand leurs regards se croisèrent, la jeune femme sentit ses jambes se dérober. Elle tira Richard par la manche et lui souffla à l’oreille :

— Quoi que disent ces hommes, n’oublie pas que nous devons sortir vivants d’ici pour continuer à combattre Darken Rahl. Nous sommes deux et ils sont très nombreux, épée ou pas…

Le Sourcier l’ignora superbement.

— Vénérables Anciens, dit-il d’une voix assurée, j’ai l’honneur de vous annoncer que la maison des esprits a désormais un toit étanche. (Kahlan traduisit dans la foulée.) Et j’ai eu le plaisir d’apprendre à vos hommes comment faire pour qu’ils améliorent tous les autres toits du village. Mes actes étaient dictés par le respect que j’éprouve pour votre peuple, et je n’attends rien en retour, sinon votre satisfaction.

Les six vieillards restèrent de marbre quand Kahlan eut fini de traduire.

— Nous ne sommes pas satisfaits ! dit enfin Toffalar.

— Pourquoi ? demanda Richard, l’air sombre, quand Kahlan eut traduit.

— Quelques gouttes de pluie n’ont jamais fait fondre la force du Peuple d’Adobe. Ton toit ne fuit pas parce qu’il est « intelligent » à la manière des étrangers, qui n’est pas la nôtre. Et si nous commençons à laisser les étrangers nous dire que faire, ils n’arrêteront plus… Nous savons très bien ce que tu désires. Faire partie de notre peuple afin que nous convoquions en ton nom le conseil des devins. Une ruse pour que nous soyons à ton service, rien de plus ! Tu entends nous entraîner dans une guerre qui n’est pas la nôtre. Nous refusons ! (Il se tourna vers Savidlin.) Le toit de la maison des esprits doit redevenir ce qu’il était. Car nos ancêtres désiraient qu’il en soit ainsi.

Savidlin blêmit mais ne broncha pas. Un petit sourire sur les lèvres, Toffalar se tourna vers Richard.

— À présent que tes manigances ont échoué, vas-tu te venger sur notre peuple, Richard Au Sang Chaud ?

Un défi visant à discréditer le Sourcier…

Kahlan n’avait jamais vu une telle colère sur le visage de son ami. Il jeta un rapide coup d’œil à l’Homme Oiseau, puis se concentra de nouveau sur les six Anciens. L’Inquisitrice retint son souffle et un silence de mort tomba sur les villageois.

— Je ne ferai pas de mal à votre peuple, dit Richard. (Quand Kahlan eut traduit, la foule soupira de soulagement.) Mais je pleurerai sur le sort qui l’attend. (Il leva une main et désigna les six vieillards.) Sur vous, je ne verserai pas une larme. Il n’y a aucune raison de regretter la mort d’un tas d’imbéciles.

Devant cet outrage, l’assistance hoqueta de stupéfaction.

Alors que Toffalar blêmissait de colère, des murmures affolés coururent dans les rangs de villageois. Kahlan regarda l’Homme Oiseau, qui semblait avoir vieilli d’un coup. Dans ses yeux, elle vit à quel point il était inquiet. Quand leurs regards se rencontrèrent, ils partagèrent un instant le chagrin de savoir que la tempête les emporterait tous. Mais l’Homme d’Adobe baissa très vite la tête.

À une vitesse inouïe, Richard dégaina l’Épée de Vérité. De surprise, tous les villageois, y compris les Anciens, reculèrent d’un pas et s’immobilisèrent, comme pétrifiés. Les six vieillards évoquaient à présent des statues à la gloire de la peur.

Seul l’Homme Oiseau n’avait pas bougé.

Kahlan avait redouté que la colère de Richard explose. Résolue à ne pas intervenir, elle était néanmoins prête à tout pour protéger le Sourcier, quelles que soient ses intentions. Autour de la jeune femme, pas un murmure ne s’était élevé depuis que l’arme, en sortant du fourreau, avait émis sa note si particulière. Richard braqua la lame étincelante sur les Anciens, la pointe à quelques pouces de leurs visages.

— Ayez le courage de faire une dernière chose pour les vôtres ! cria-t-il.

En entendant ses mots, Kahlan frissonna. Elle traduisit par habitude, trop terrorisée pour penser à faire autre chose.

Richard retourna l’épée, la tint par la lame et tendit la garde aux Anciens.

— Prenez mon épée ! ordonna-t-il. Et servez-vous-en pour égorger les femmes et les enfants. Ce sera une mort plus douce que celle qui les attend de la main de Darken Rahl. Ayez le courage de leur épargner d’immondes tortures. Une fin rapide est parfois un don des cieux…

Face à son assurance, les six vieillards se décomposèrent.

Kahlan vit des femmes en pleurs serrer leurs enfants dans leurs bras. Pris dans l’étau d’une terreur qui frappait comme la foudre, les Anciens n’esquissèrent pas un mouvement. Mais leurs yeux fuirent le regard impitoyable du Sourcier.

Quand il fut clair qu’aucun n’aurait le courage de saisir l’épée, Richard la remit au fourreau avec une lenteur délibérée, comme s’il les privait par ce geste de leur dernière chance de salut. Par leur refus, ces vieillards s’étaient à jamais aliénés le Sourcier, qui ne lèverait plus le petit doigt pour eux.

Quand Richard se tourna vers Kahlan, elle lut sur son visage autre chose que de la fureur. Il éprouvait un profond chagrin pour un peuple qu’il avait appris à aimer et qu’il ne pourrait pas sauver. Tous les regards restèrent rivés sur lui quand il approcha de sa compagne et la tira par le bras.

— Rassemblons nos affaires et partons, dit-il. Nous avons perdu beaucoup de temps. J’espère qu’il n’est pas déjà trop tard. (Des larmes perlèrent aux paupières du Sourcier.) Kahlan, je suis navré d’avoir pris la mauvaise décision.

— Richard, ce n’est pas toi qui t’es trompé, c’est eux !

La colère de la jeune femme, comme une dalle de marbre posée sur un tombeau, scellait le destin de ces gens. S’inquiéter pour eux ne servait plus à rien : c’étaient désormais des morts-vivants. Ils avaient eu une chance et n’avaient pas su la saisir.

Quand ils passèrent devant Savidlin, le Sourcier et l’Homme d’Adobe se prirent un moment par les bras sans oser se regarder. Dans la foule, personne n’avait bougé. Lorsque les deux étrangers s’y frayèrent un chemin, des mains se tendirent pour toucher Richard, qui serra des dizaines d’avant-bras en réponse à ces témoignages muets de sympathie. Mais il ne put regarder dans les yeux aucun de ces cadavres en sursis.

Ils récupérèrent leurs affaires chez Savidlin et rangèrent leurs manteaux dans leurs sacs. Kahlan se sentait vide et épuisée. Quand son regard croisa enfin celui de Richard, ils se jetèrent dans les bras l’un de l’autre, unis par le chagrin qu’ils éprouvaient pour tous ces nouveaux amis qu’ils savaient condamnés. Sur ce coup-là, ils avaient misé le seul bien précieux à leur disposition : le temps. Et ils avaient perdu !

Quand ils s’écartèrent l’un de l’autre, Kahlan ferma son sac. Richard ressortit son manteau du sien et fouilla dans ses possessions, l’air inquiet. Pour mieux voir, il approcha de la porte d’entrée restée ouverte.

Très vite, il laissa pendre le sac au bout de son bras droit, et lâcha :

— La pierre de nuit a disparu.

— Tu l’as peut-être laissée ailleurs…

— Non. Je ne l’ai jamais sortie de mon sac.

— Richard, il n’y a pas de quoi s’affoler. Elle ne nous sert plus à rien, maintenant que nous sommes loin du Chas de l’Aiguille. Adie te pardonnera de l’avoir perdue. Et nous avons des problèmes plus pressants.

Le Sourcier fit un pas vers son amie.

— Tu ne comprends pas. Nous devons la trouver !

— Pourquoi ?

— Parce que je crois que cette pierre peut réveiller les morts ! Kahlan, j’y ai réfléchi sans cesse. Tu te rappelles combien Adie était nerveuse en me la donnant ? Elle regardait par la fenêtre, comme si un danger menaçait. Et ça a duré jusqu’à ce que j’aie rangé la pierre. Dans le Passage du Roi, à quel moment les ombres nous ont-elles attaqués ? Quand j’ai sorti la pierre ! Tu te souviens ?

— Mais selon Adie, personne d’autre que toi ne peut s’en servir. Donc…

— Elle parlait de la lumière, pas du reste ! Elle n’a rien dit au sujet des morts. Je ne peux pas croire qu’elle ne nous ait pas prévenus…

Kahlan réfléchit quelques secondes, les yeux mi-clos.

— Elle l’a fait, Richard ! s’exclama-t-elle. Elle t’a averti en utilisant une énigme. Tous les magiciens adorent ça. Je suis désolée de ne pas y avoir accordé plus d’attention. Une femme comme Adie n’exprime pas toujours les choses directement, mais sous la forme d’une charade…

— Je n’en crois pas mes oreilles ! s’écria Richard en jetant un coup d’œil dehors. Le monde risque d’être anéanti, et cette vieille peau s’amuse à des âneries ! (Il flanqua un coup de poing dans le chambranle de la porte.) Elle aurait dû nous prévenir clairement !

— Elle avait peut-être une bonne raison d’agir ainsi. Ou elle ne pouvait pas faire autrement…

— Tu te rappelles, elle a dit que j’étais « assoiffé ». Et elle a parlé de l’eau, dont la valeur dépend des circonstances. Pour quelqu’un qui se noie, c’est une calamité… C’était sa façon de nous avertir de l’ambivalence de la pierre. (Il regarda de nouveau dans son sac.) Elle était là hier, je l’ai vue. Qui a pu la prendre ?

Ils se regardèrent et comprirent en même temps.

— Siddin ! crièrent-ils ensemble.

La première Leçon du Sorcier -Tome 1
titlepage.xhtml
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_000.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_001.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_002.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_003.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_004.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_005.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_006.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_007.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_008.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_009.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_010.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_011.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_012.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_013.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_014.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_015.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_016.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_017.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_018.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_019.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_020.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_021.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_022.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_023.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_024.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_025.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_026.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_027.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_028.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_029.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_030.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_031.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_032.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_033.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_034.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_035.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_036.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_037.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_038.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_039.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_040.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_041.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_042.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_043.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_044.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_045.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_046.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_047.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_048.htm
Epee de Verite 1 - La premiere lecon du sorcier (X)_split_049.htm